Le fortin, vestige du passé colonial

En 1866, la France prend la possession de Boké. Cette position a l'avantage d'être entourée de terres riches et d'ouvrir la route du Fouta-Dialon

         La première aventure coloniale qui intéresse les rivières de la côte guinéenne est celle de Nuno Tristão en 1453. La tradition a permis de sauver de l'oubli ce Chevalier de l'Infant du Portugal en  donnant son nom à une rivière, le Rio Nunez (Tinguilita), que d'ailleurs il n'a pas dû atteindre. Ainsi, la côte guinéenne a longtemps suscité la convoitise des français et des portugais. Ce sont ces derniers qui ont tout d'abord envahi le pays. Mais au début du XIXème siècle, les français redoublèrent d'effort pour conquérir le pays. La possession de Boké fut alors un enjeu stratégique.
         Ce n'est qu'après 1815, que les efforts de pénétration française, dirigés en vain vers l'intérieur, se tournent vers la côte. Les colons français cherchent alors à installer des comptoirs sur le Rio Nunez qui a le double avantage d'être entouré de terres riches et d'ouvrir la route du Fouta-Djalon. En 1827, René Caillé inaugure son illustre voyage en partant de Kakandé, sur le Rio Nunez. Une stèle commémorative signale son passage à Boké. En 1839, une nouvelle mission d'information dresse un rapport suggestif attirant l'attention du commerce français sur ce pays prometteur. Construit sur le versant d'une colline, au point extrême du Rio-Nunez navigable et au confluent de ce fleuve avec le Batafon, Boké, jouissant d'un climat relativement salubre, était tout indiqué aux négociants européens comme station où les transactions devaient être avantageuses.
         Le 19 janvier 1866, une attaque des troupes françaises aboutit à l'installation à Deboké (nom de la ville à l'époque) d'un poste. Trois jours plus tard un lieutenant de vaisseau français conclut avec le roi  Landouma un traité qui place son pays sous la suzeraineté et le protectorat de la France. Ce document comportait pour les clauses analogues à celles du traité de protectorat passé avec les Nalous, signée le 28 novembre 1865. L'installation de la caserne  (où sera construit en 1871 un fortin, toujours debout aujourd'hui) et la signature des traités permettent aux négociants français de pouvoir commercer en toute sécurité avec l'intérieur du pays et de lutter contre les anglais et portugais.  C'est le point de départ de la conquête économique et politique de la Guinée. 
         L'occupation de ce point stratégique, puis l'installation d'autres comptoirs sur les rivières de la côte maritime, forment une chaîne de points d'appui d'où prendront corps les Cercles du Rio Nunez, du Rio Pongo, de Dubréka et de la Mellacorée. La mise sous tutelle de ces cercles sera cependant menacée tout au long de l'occupation par les rebellions des chefferies autochtones.

Le fortin et la stèle
René Caillé

L'école du centre construite en 1906

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